Dites-le avec une lettre
Il y a des choses qu'on aimerait dire à ceux qu'on aime. Mais on ne sait pas toujours par où commencer, comment trouver les bons, véhiculer la bonne intention. Aujourd'hui, on vous aide à vous lancer et envoyer la plus belle des lettres:
Qui n’a jamais repensé, avec nostalgie ou avec tendresse, à son amour de jeunesse ? Son premier amour, celui ou celle avec qui on a vécu l’un de ses premiers émois amoureux ? Les années passent et deviennent des décennies, on vieillit et on range cet amour passé dans sa boite à souvenirs. Et puis un beau jour, parfois 30 ans après, on ouvre la boite et on se demande ce qu’est devenue cette personne qui a fait battre notre cœur d’adolescent(e) ? Vient ensuite l’envie de la retrouver, de confronter ses souvenirs à la réalité. Retrouver un amour de jeunesse 30 ans après, c’est aussi repartir sur les traces de soi-même. En voici un témoignage, celui de Valérie, 45 ans, qui a retrouvé son amour d’adolescente.
RETROUVER UN AMOUR DE JEUNESSE 30 ANS APRÈS : TÉMOIGNAGE DE VALÉRIE
« Je m’appelle Valérie, j’ai 45 ans et je suis médecin en région parisienne. J’aime mon métier, par contre je ne suis pas attachée à mon lieu de vie. Mais après mes études sur Paris, j’ai rencontré l’homme qui allait devenir mon mari, et nos vies professionnelles nous ont conduit à nous installer près de la capitale. Avec nos deux enfants, c’est une vie qui nous convient, enfin qui me convenait jusque-là. Car je dois avouer que depuis quelques temps, des envies d’ailleurs et le besoin de respirer le grand air ont commencé à me poser question. Comme une attirance inexorable vers un autre mode de vie qui se dessine petit à petit…
Tout cela a fait remonter en moi des souvenirs de jeunesse, des moments heureux en famille, des bribes de mon adolescence.
Pendant des années, tous les ans, pour l’été et pour Noël ou les vacances d’hiver, nous partions en famille dans les Alpes, dans le chalet de mon arrière-grand-père.
C’est là-bas que j’ai appris le ski, que j’ai goûté à la randonnée, que j’ai aimé passer du temps au contact de la nature, dans de grands espaces.
C’est également là-bas que l’été de mes 15 ans, j’ai rencontré Alban. Cela me semble appartenir à une autre vie aujourd’hui. Nous nous sommes retrouvés sur les pistes de ski, lui très expérimenté. La montagne, c’était sa vie depuis tout petit, il était chez lui.
NOUS SOMMES TOMBÉS AMOUREUX COMME ON AIME À 15 ANS, AVEC FOUGUE ET DANS L’URGENCE DE CES VACANCES QUI PASSAIENT TROP VITE.
Alban, c’est mon amour de jeunesse. Nous avons passé ensemble trois saisons d’hiver et deux d’été. On se voyait aux vacances et entre elles, on s’écrivait. Cela a duré de mes 15 à mes 17 ans. Et puis malheureusement, nous avons cessé d’aller là-bas. Une brouille familiale, un conflit d’héritage, bref le chalet ne pouvait plus nous accueillir.
Mon amour de vacances et de jeunesse partait en miettes et mon cœur était en lambeaux.
Mais quel poids cela fait-il à 17 ans face aux parents ?
Alors, les lettres se sont espacées jusqu’à s’arrêter, moi prise dans mes études à la faculté de médecine à Paris, lui dans son école de ski et d’alpinisme. Deux vies aux antipodes, nous avions chacun nos vies à construire, nos rêves à réaliser.
ET LA VIE A SUIVI SON COURS, ET 30 ANS ONT PASSÉ…
Un soir, tard, il y a quelques mois, alors que j’étais seule à la maison, je suis allée ressortir ma boite à souvenirs. Celle dans laquelle j’ai tout conservé de mes jeunes années. Les cartes postales, les lettres, les petits mots, les photos… Et parmi le tout, les mots d’Alban. J’avais son nom, son adresse, un point de départ si je voulais savoir ce qu’il devenait.
Ne nous mentons pas, Internet est un moyen d’avoir des réponses rapides aujourd’hui. Et avec les réseaux sociaux, on trouve facilement des pistes. Si l’adresse que j’avais ne semblait plus être la bonne, son nom de famille apparaissait toujours dans la région. Prise de curiosité, j’ai fouillé, et je l’ai retrouvé via une page Facebook et un site. Il était devenu guide de haute-montagne, le rêve de sa vie… Une photo de lui apparaissait devant moi. Si 30 ans la séparaient de mes derniers souvenirs, il y avait quelque chose dans son regard qui ne trompait pas ma mémoire.
RETROUVER UN AMOUR DE JEUNESSE 30 ANS APRÈS
J’ai réfléchi pendant quelques jours à mon envie d’en savoir plus.
Curiosité et nostalgie se mêlaient mais je ne voulais pas faire de cette démarche un secret malsain dans mon couple.
J’en ai parlé à mon mari. Mon envie de recontacter Alban n’était pas lié à un problème de couple, plutôt à ce besoin de plus en plus fort de, peut-être, changer de vie…
Mon mari, à qui j’avais déjà parlé de ma jeunesse, n’a pas été choqué ni jaloux. Si le passé revient parfois nous hanter, ce n’est pas forcément pour déterrer des problèmes enfouis. J’avais envie de croire à mon intuition, de me dire qu’il y avait une belle surprise au bout.
Je me suis lancée et j’ai écrit à Alban, j’ai préféré une lettre à l’ancienne, qu’un mail anonyme sur la messagerie de sa société. Je n’ai rien caché de ma vie actuelle, je lui ai relaté quelques souvenirs, parlé de la montagne que j’avais tant aimé. Et j’ai attendu.
Une réponse est arrivée dix jours plus tard au courrier. Alban se souvenait de moi, de nous, il était touché par ma démarche, bienveillant à l’égard de nos souvenirs partagés et curieux de savoir qui j’étais devenue. Il m’a avouée m’avoir cherché également des années plus tôt mais y avoir renoncé, n’ayant rien trouvé. C’est vrai que je ne suis pas très présente sur les réseaux sociaux et qu’on me trouve, notamment comme médecin, à mon nom de femme mariée. De son côté, il était marié également, papa de 3 enfants et heureux de vivre de sa passion.
Un échange épistolaire a commencé, mais très vite nos souvenirs adolescents ont laissé place à des confidences sur nos vies professionnelles, nos projets, nos envies.
J’avais l’impression de me faire un ami, d’avoir une oreille attentive à mon désir de plus en plus prégnant de changer de vie.
Evidemment, en le recontactant, je m’étais posée la question de l’ambiguïté. Après tout, nous avions été amoureux 30 ans plus tôt. Mais ce n’est pas ce ton qu’a pris notre échange.
RETROUVER UN AMOUR DE JEUNESSE 30 ANS APRÈS : DE L’AMBIGUÏTÉ, FORCÉMENT ?
Pas d’ambigüité, de désir inassouvi, d’infidélité émotionnelle. Rien de tout cela, au contraire.
Cela peut paraitre étrange, mais c’est au contraire comme si Alban allait m’apporter des réponses et m’ouvrir des portes que je n’osais pas pousser toute seule.
De passage à Paris, il a proposé de se voir. A aucun moment, mon mari ni sa femme n’ont été mis de côté. Ses retrouvailles sonnaient comme celles de deux amis d’enfance, autour d’un dîner à quatre, qui se présentaient mutuellement leurs conjoints.
Et c’est ainsi que tout a commencé. Plonger dans la réalité de nos vies actuelles a accéléré le processus. Nous sommes vraiment devenus amis au fil du temps. Et les vacances suivantes, j’ai renoué avec mes souvenirs en partant avec ma famille là-bas, dans les montagnes d’Alban.
J’ai eu le déclic. Après 30 ans d’une vie parisienne, d’une pratique professionnelle en ville, j’avais envie d’autre chose. De nature, de calme, de proximité, d’un second souffle.
Alban a été celui qui a mis en lumière ce rêve caché. Qui m’a fait comprendre que c’était possible. Sans prendre une place qui n’était pas la sienne, ni dans mon cœur ni dans ma vie.
Il n’y a jamais rien eu de malsain dans nos retrouvailles. Souvent, on recherche un ancien amour avec cette envie profonde de savoir si notre cœur battra à nouveau à son contact. Si quelque chose perdure, c’est normal.
Entre Alban et moi, cette connexion s’est faite à un autre niveau. Celui de l’amitié, sans désir caché de l’un ou de l’autre, sans ambigüité.
Aujourd’hui, nous construisons notre projet avec mon mari. Mon rêve de partir vivre là-bas est devenu un projet de couple et de famille. Je suis une femme heureuse, toujours aussi amoureuse de mon mari et comblée de voir à quel point on se comprend bien.
Ce second souffle que je recherchais était partagé, mon mari avait également envie d’un nouveau départ, d’un nouveau challenge, de donner un autre rythme à notre vie.
Sur place, Alban et sa femme nous guident et de loin, ils nous conseillent quand cela est nécessaire. Nous ne serons pas voisins pour autant, mais suffisamment proches pour nous voir. Cette amitié particulière qui est née entre nous quatre sera un de nos points d’ancrage une fois que nous serons installés là-bas, et j’en suis très heureuse.
L’année prochaine, je serai médecin de campagne, ou plutôt de montagne et cela me comble de joie. En suivant mon intuition, en retrouvant mon amour de jeunesse, c’est en fait moi, la vraie Valérie, que j’ai retrouvée. »