5 signes pour savoir si un traumatisme impacte votre vie sexuelle


 

Différents traumatismes peuvent impacter notre vie sexuelle sans même que l’on s’en rende compte. Comment en repérer les signes ?  


Vivre des expériences marquantes peut impacter la vie quotidienne, la santé mentale et la sexualité. Dans la chambre à coucher s’installent parfois des traumatismes sans que l’on s’en aperçoive. Ils ne sont pas forcément sexuels mais peuvent être reliés à toutes sortes d’expériences douloureuses ou marquantes. C'est ce qu’explique un article de l’édition britannique de « Glamour ». Pour aller plus loin, nous avons posé la question à la sexologue Annelise Guinet.  


« La violence que l’on a reçue d’une personne, quelle que soit sa forme, peut ressurgir dans la sexualité, explique celle-ci, elle est internalisée par une personne qui va parfois retourner la violence contre elle-même ou se tourner vers d’autres personnes violentes. » Des violences sexuelles, verbales, une relation toxique ou une enfance difficile peuvent peser dans la balance. Et si ce que l’on prend pour une préférence sexuelle, comme la violence pendant les rapports, ou encore une réticence, une douleur pendant le sexe était en fait le résultat d’un traumatisme ?  


PERTE DE CONTRÔLE 

Pour vivre une sexualité épanouie, on dit souvent qu’il faut lâcher prise. Mais baisser la garde est impossible quand on a vécu des expériences traumatisantes, qui nous affectent différemment et nous apparaissent plus ou moins clairement. Dans une situation de vulnérabilité, il est difficile de se laisser aller. « C’est un peu comme si le cerveau essayait d’avoir le contrôle sur le corps. On se retrouve dans une position d’hypercontrôle », explique Annelise Guinet. Le corps se rappelle les traumatismes parfois enfouis. « C’est un phénomène de reviviscence qui apparaît dès qu’on va toucher de près ou de loin au sujet de la sexualité. Le corps a imprimé une attitude réactionnelle de fermeture. » 


Ce blocage peut se traduire de plusieurs manières au sein de notre sexualité. « Certaines personnes vont être dans l’évitement de la sexualité, précise la sexologue, d’autres essaient d’avancer dessus mais constatent que la tête a beau dire oui, le corps dit non. Par exemple, cela se traduit par des douleurs à la pénétration, ou une impossibilité à la pénétration. » 


La thérapeute évoque également « les postures de dissociation ou de figement », qui peuvent se manifester après un traumatisme. « C’est comme si un fusible sautait tant la charge et la violence émotionnelle sont fortes. La dissociation se crée car il y a un danger. L’étape suivante serait de fuir mais si elle en est incapable pour diverses raisons, elle se déconnecte d’elle-même pour éviter des dommages au niveau du cerveau. »  


Parfois, on recherche aussi certaines sensations pendant le sexe parce qu’elles sont liées à un traumatisme. Annelise Guinet nuance : « On peut pratiquer le BDSM simplement parce qu’on en a envie et pas parce qu’on a vécu un traumatisme. » Pourtant, elle ajoute qu’il existe bien une « excitation traumatique » qui consiste à rechercher à nouveau une sensation passée pour… s’en libérer. « La sensation va libérer des hormones dans le cerveau qui vont amener à une forme d’apaisement, d’une manière qui pourrait sembler paradoxale. » 


5 INDICES PENDANT LE SEXE 

Abandonner toute forme de contrôle pendant le sexe peut donc faire sonner un signal d’alarme dans le cerveau en raison de nos traumatismes passés. Mais comment savoir si votre vie sexuelle est impactée par votre passé ?  D’après la thérapeute Ruth Micallef, interviewée par « Glamour », cinq points peuvent aider à identifier un éventuel traumatisme à travers le sexe.  


- Ressentir le besoin d’être performant.e pour ne pas décevoir votre ou vos partenaires et craindre un rejet le cas échéant. 


- Ne pas se sentir pas assez attirant.e. 


- S’engager dans des relations à risque qui, par la suite, ne paraissent pas gratifiantes car elles n’apportent pas de connexion à son propre corps et/ou à celui des autres.  


- Tromper constamment son partenaire pour s’en détacher. Cela peut être le signe d’une difficulté à s’engager en raison d’un attachement précoce à un proche, un soignant ou lors d’une relation ultérieure. 


- Ne pas se sentir pleinement « présent » pendant les rapports sexuels, par détachement ou dissociation ou obsession de la performance pourrait être le signe qu’un traumatisme fait blocage. 


COMMENT APAISER SA SEXUALITÉ ?   

« Il y a mille moyens de retrouver le chemin vers la sexualité », rassure Annelise Guinet. La clé : travailler sur l’esprit sans négliger un travail sur le corps. « On avance déjà sur le premier volet de la honte et de la sexualité. Cela se travaille sur le plan des croyances liées à la sexualité, comme “c’est mal, je suis sale“. » Apaiser l’esprit est la première étape d’une réconciliation avec sa sexualité. Ensuite, on peut travailler sur le corps. « On essaie de retrouver le contact avec le corps, avec le sien déjà, poursuit la spécialiste, on tente de recréer ce lien entre cerveau et corps pour montrer que “oui, j’ai la possibilité de poser des limites“. »  


Annelise Guinet prend l’exemple des personnes qui souffrent de vaginisme -- une contraction involontaire de la musculature qui entoure l'entrée du vagin et qui empêche la pénétration. « Si elles souhaitent expérimenter cette pénétration, on peut amener cette possibilité grâce à des exercices, des explorations. On se rend compte que l’on peut contrôler son corps en contractant volontairement, puis en relâchant pour arrêter de contracter constamment, et travailler cette contraction à l’origine du vaginisme. » Grâce au dialogue, à un travail sur l’image corporelle et avec le temps, on peut apaiser notre rapport à la sexualité. 

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